Le Père Jerzy PopieluszKo (2/2)
Le Père Jerzy PopieluszKo (1947 – 1984) te crie aujourd’hui :
« Vaincs le mal par le bien ! » (2/2)
Suite et fin de la première partie.
Nous sommes donc en Pologne en août 1980. Il se met en place un mouvement de grève massif, en protestation contre les injustices du gouvernement communiste. C’est alors qu’arrive du jamais vu ! Le premier dimanche de la grève, à Varsovie, une voiture s’arrête devant l’évêché et il en descend des ouvriers sidérurgistes qui viennent demander… un prêtre pour leur célébrer la messe dans leur usine… ! Le Père Jerzy est désigné. Il sera désormais leur aumônier, leur défenseur coûte que coûte. Il soutiendra le syndicat chrétien « Solidarité » tout récemment fondé, ce syndicat singulier dont les membres luttent sans violence et le rosaire à la main pour défendre les droits des travailleurs et leur dignité.
Bien qu’il sache parfaitement le danger qu’il court, le Père Jerzy se met à dénoncer les arrestations injustes, à secourir les familles éprouvées. Quelqu’un manque-t-il de couvertures ? de nourriture ? de vêtements ? de médicaments ? Il cherche, il se démène… et il rend l’espoir. Il se donne à 100% et 24 h sur 24. Un proche témoigne : « Il ne se prenait pas pour un héros, n’avait pas de rancunes et s’efforçait de ne blesser personne. Il était très délicat, très doux, bienveillant pour chacun.»
Chaque mois, il célèbre une « messe pour la Patrie ». Ses homélies sont très courageuses pour dénoncer le mal et très évangéliques pour appeler à la réconciliation, au pardon et même à l’amour des ennemis, dont il montre l’exemple. Ne l’a-t-on pas vu un jour proposer du café chaud à des policiers gelés ? Voyant les foules qui viennent l’écouter de toute la Pologne, les communistes cherchent à tout prix à le faire taire : surveillance continuelle, perquisitions, interrogatoires, intimidations, odieuses calomnies dans la presse : « un prêtre qui célèbre des messes de la haine ! »… Il faut le traquer, l’épuiser, le briser par la peur : « Tu seras pendu, tu seras crucifié ! » Mais ses homélies circulent dans toute la Pologne et vont même jusqu’à Jean-Paul II, qui lui envoie un chapelet pour lui manifester son soutien.
Pour le soustraire au danger, son évêque lui propose d’aller étudier à Rome, mais il refuse : « Je me suis consacré, je ne me retirerai pas. » « Je n’ai plus peur, je suis prêt à tout. »
Le vendredi 19 octobre 1984, il vient d’achever ainsi ses méditations du rosaire : « Prions pour que nous soyons libérés de la peur, de l’intimidation, mais surtout de l’envie de vengeance et de violence. » Sur la route, des policiers l’arrêtent. Il est bâillonné, ligoté, matraqué et jeté dans le coffre de la voiture. Son ami et chauffeur parvient à sauter du véhicule en marche. A l’annonce de l’enlèvement commence une veillée de prière ininterrompue… Onze jours plus tard, la terrible nouvelle arrive : le corps de Jerzy a été retrouvé dans la Vistule, portant les marques d’atroces tortures.
Le jour de l’enterrement, ils sont des milliers pour l’accompagner, malgré le barrage des forces de l’ordre. Son corps est revêtu d’une splendide chasuble rouge, couleur du martyre, le chapelet offert par Jean-Paul II dans ses mains. Son cher Pape viendra trois ans plus tard baiser sa tombe en forme de croix, cette tombe toujours fleurie, toujours éclairée de lumignons, aujourd’hui encore veillée par des gardes 24 h sur 24 comme au premier jour, déjà visitée par des millions de personnes qui vénèrent en ce prêtre le symbole de la Victoire du mal par le bien, de la haine par l’amour, de la violence par la douceur, de la peur par la confiance en Dieu :
« Il convient d’avoir peur seulement de trahir le Christ contre quelques deniers de tranquillité stérile. » (2 mois avant son martyre).
« Toute grande cause doit coûter et doit être difficile.
IL N’Y A QUE LES CHOSES
PETITES ET MÉDIOCRES QUI SONT FACILES. » Article publié par le 1er décembre 2009.
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